Bibliographie

Contre l'école du tri social - Philippe GenesteContre l’école du tri social
Pour une éducation commune polyvalente et polytechnique, Philippe Geneste
Editions Le Scorpion brun

L’émancipation sociale a partie liée avec l’émancipation éducative. Pour se réaliser, elle nécessite de fonder une critique syndicale de la formation initiale (école, collège, lycée) capable de s’appuyer sur l’analyse de la formation professionnelle et continue. Les cohérences institutionnelles, en vigueur aujourd’hui, pointent la centralité de la formation professionnelle ainsi que de l’enseignement professionnel. Une compréhension lucide des transformations en cours du système éducatif part de là. 

L’ouvrage démontre la filiation patronale de l’éducation par l’analyse critique des piliers de l’école contemporaine : la psychologie des aptitudes, les compétences, l’évaluation et l’orientation. Il expose, pour chacun de ces quatre points nodaux ce qu’un syndicalisme non confiné aux intérêts catégoriels pourrait apporter comme critique en vue d’élaborer un projet d’émancipation, dont on trouvera les linéaments. 


Langues des signes surdité et accès au langageLangues des signes surdité et accès au langage, Philippe Séro-Guillaume
CNFEDS Presses Universitaires Savoie Mont Blanc,  3e édition corrigée et augmentée, 2020, 302 p.

C’est avec une réflexion longuement mûrie au cours d’années d’expériences où s’entrecroisent les combats pour la reconnaissance de la langue des signes, la pratique professionnelle de l’interprétation, la formation d’interprètes et d’enseignants auprès des sourds  que Philippe Séro-Guillaume aborde ce sujet.

Ce livre part de situations concrètes, se nourrit d’exemples pratiques multiples. Il   privilégie une approche pragmatique et dessine  les contours théoriques constructivistes permettant d’embrasser sans hiatus les questions linguistiques et donc sociales qui traversent toute réflexion et toute pratique professionnelle sur et au sein de la surdité et  au delà.

La clarté de l’exposé permet au lecteur d’aborder la question linguistique –et c’est peut-être la première fois qu’un exposé aussi complet l’aborde ainsi–  sans se laisser enfermer dans le débat idéologique qui, en matière de scolarité, oppose  les tenants du recours à la langue des signes, au nom de la spécificité et de la culture et les partisans de la méthode orale au nom de la norme commune.

Cette troisième édition propose une analyse des composants de la langue des signes assortie d’une transcription utilisant les caractères alphabétiques et de ce fait utilisable quel que soit le média envisagé du stylo à bille au clavier d’ordinateur.

L’auteur

Interprète en langue des signes  dès 1979,  formateur d’enseignants auprès  des jeunes sourds  Directeur du Master d’interprétation en Langue des signes française de l’Ecole Supérieure d’Interprètes et de Traducteurs,  Sorbonne Nouvelle Paris 3,  Philippe Séro-Guillaume poursuit une recherche sur des bases constructivistes  et psycho-mécaniques de l’activité langagière et de l’interprétation, recherche consolidée par une collaboration depuis une douzaine d’année avec Philippe Geneste enseignant chercheur.


A bas la grammaireA bas la grammaire

Philippe Geneste et Philippe Séro-Guillaume
Éditions du Papyrus, 2014, 125 p.

Dans l’éducation des jeunes sourds l’écrit joue un rôle très particulier. Pour pallier les difficultés de transmission orale les enseignants écrivent constamment au tableau pour leur enseigner le français parce que l’écrit rend la langue visible et permanente (…) Cet accès très particulier à la langue (puisque sont proposées d’emblée à l’enfant les règles de grammaire) ne fait pas des sourds des  grammairiens d’élite bien au contraire (…) comme en témoignent les travaux consacrés aux fautes commises par les  sourds. …

Ce qui est décrit là n’est pas propre aux sourds. Tout l’enseignement du français, de l’écrit  pour les entendants procède de la même conception. L’expérience scolaire des sourds montre seulement, en gros caractères, les errements de l’enseignement scolaire de la grammaire.

Ce constat entraîne la question d’une autre démarche pédagogique respectueuse des étapes du développement cognitif et langagier de l’enfant. Il ne s’agit pas de proposer une grammaire autre mais de prendre en compte le fait que l’acquisition de la langue est  le produit de l’activité du sujet, activité qui consiste essentiellement chez ce dernier à repérer empiriquement les usages de la langue dans les discours auxquels il est exposé et à les mettre en œuvre en s’exprimant.  Le passage à la forme écrite ne devrait pas entraîner un appel explicite à la norme ni reposer sur la présentation de modèles rigides. Il devrait consister à introduire l’enfant sourd ou entendant à l’écrit comme l’enfant entendant est introduit  à l’oral sans qu’il soit jamais fait appel à l’explicitation d’une norme.

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